Les plantes parlent, la HEIG-VD tente de les comprendre

Published on February 26, 2018

par Laureline Duvillard

Une équipe de la Haute Ecole d’Ingénierie et de gestion s’apprete a décrypter la communication vegetal

HEIG-VD a décroché un projet de recherche dans le domaine des sciences et technologies du vivant, en partenariat avec la start-up vaudoise Vivent, le centre de compétence de la Confédération suisse pour la recherche agricole (Agroscope) et la Haute Ecole d’Ingénierie et d’Architecture de Fribourg (HEIA-FR).

Elles ne font aucun bruit. Et pourtant, les plantes sont loquaces. Via de minuscules signaux électriques transmis entre leurs cellules, elles expriment leur état de santé, leur stress, leur bien-être, comme les menaces qui pèsent sur elles. Le problème? Si les premières recherches sur ces signaux datent de plus de 100 ans, le langage des plantes reste encore en grande partie incompris. Interpréter la parole végétale et la traduire, tel sera dès le mois de mars l’objectif d’une équipe de la Haute École d’ingénierie et de gestion du canton de Vaud. Ceci dans le cadre d’un projet de recherche de dix-huit mois, budgeté à 500’000 francs et cofinancé par la Confédération et l’entreprise vaudoise Vivent. Et auquel collaborent également l’Agroscope et la Haute École d’ingénierie et d’architecture de Fribourg.

«Avec l’aide de l’intelligence artificielle, nous allons analyser une grande masse de données pour identifier des modèles de communication, remarque la professeure, Laura Elena Raileanu, directrice du groupe transversal santé, ingénierie et gestion. On voit par exemple que les plants de tomates réagissent chimiquement aux attaques d’acariens en rendant leurs feuilles amères. Si nous arrivons à identifier en amont les signaux d’alarme émis par les plants, nous pourrions prévenir ces attaques.»

Les données sur lesquelles se penchera la HEIG, proviennent de l’entreprise Vivent. Cette dernière a développé un appareil inédit qui permet, grâce à des capteurs, fixé sur une feuille et dans la terre, d’amplifier les signaux électriques, pour les convertir en signaux digitaux. «Nous savons que les plantes parlent, notre but est maintenant de prouver scientifiquement qu’elles communiquent entre elles et de les comprendre, souligne Carrol Plummer, fondatrice de Vivent. Par exemple, une étude montre qu’en Afrique, les acacias émettent un signal d’alarme lorsque les antilopes s’attaquent à leurs feuilles. Non seulement ces dernières produisent du tannin en quantité létale pour les antilopes, mais l’arbre relâche alors de l’éthylène, avertissant ses congénères, dont les feuilles deviennent mortelles en cinq à dix minutes.»

Au-delà du domaine de l’agriculture et du jardinage, le projet de recherche pourrait également entraîner des avancées dans les systèmes de communication. «Nous postulons qu’à l’instar des plantes, les êtres humains produisent des signaux électriques non neuronaux. Si nous arrivons à déceler les modèles de communication des végétaux, nous pourrions donc nous en inspirer pour optimiser nos propres systèmes, comme les smartphones», conclut Carrol Plummer.

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